Lieu : Bayonne (64)
Maîtrise d’oeuvre : Hiru, architectes mandataires
Mission : Proposition spontanée
Ce qui a de tout temps était conçu comme une rupture se voulant infranchissable, devient dans nos villes contemporaines le substrat social d’un lieu fédérateur entre les générations et les sensibilités de chacun. En effet le rempart est un grand vide urbain aux potentiels inépuisables, chargé d’histoire et d’identité. C’est le lieu d’accueil d’évènements et de manifestations culturelles de plein air, mais il reste aussi le jardin partagé de chaque bayonnais.
Le paysage urbain, qu’il soit construit ou non, propose une lecture accessible du contexte ; il donne à voir, à percevoir et à comprendre ce qui nous entoure. Le lieu culturel peut alors être décliné de plusieurs manières, dans des modes d’intégration sociale différents. Au-delà de l’évènement organisé, peut exister une approche culturelle plus intimiste et sensorielle, qui traite de l’ordinaire au sein de l’exceptionnel : dormir sur le rempart.
Quoi de plus banal que de proposer l’accueil du sommeil dans une ville ? Et en même temps quoi de plus insolite qu’un refuge urbain ? Ainsi, pour une retraite singulière en pleine cité, pour proposer un hébergement alternatif aux visiteurs de passage, ou encore pour assouvir des désirs d’expériences spatiales et poétiques inédites, habiter le rempart devient un acte culturel, presque militant. Ce refuge propose un temps de pause, ancré dans l’histoire, qui donne à voir et à être vu, des lieux majeurs de l’enceinte Bayonnaise.
L’architecture sur le rempart peut alors être éphémère : un objet abstrait, un pliage posé dans le paysage comme un marqueur temporel qui finit de raconter l’Histoire. Une architecture mobile, transportable et réutilisable, qui donne de nombreuses possibilités d’exploitation, sans jamais modifier le paysage. Le caractère temporaire et éphémère de la chose, permet de raconter l’histoire de manière exclusive, sans laisser de traces…
Historiquement le rempart demeure aussi un lieu occupé de manière ponctuelle : guetter, se réfugier, assiéger… Il présente une morphologie intéressante qui décline des espaces aux caractéristiques différentes et aux potentiels diversifiés. On peut alors imaginer pour ces microarchitectures, plusieurs positions qui réinterprètent des dispositifs de défenses historiques et donnent une perception unique de la ville. Ainsi, l’assaillant prend position sur le mur de contrescarpe visant le côté ouest de la ville. Le hourd s’assoit presque à cheval sur le rempart et regarde le glacis Sud, alors que le guet domine la porte Mousserolles et veille sur Bayonne.
On imagine alors une famille, guetter la ville lors d’une soirée éducative et de complicité familiale ; un couple en vacances dans la région prendre possession du « hourd » pour une nuit romantique, paisible et insolite ; ou encore des amis en mal d’aventures à moindre moyens, se retrouver dans « l’assaillant » pour une retraite singulière, une expérience inédite le temps d’une nuit.
La puissance du site transcende le simple fait d’y dormir, et l’imaginaire est alors sollicité, pour faire de ce lieu qui appartient à tous, un lieu unique pour chacun.